Marie Raymond
Le Royaume invisible
Abstraction-Figures-Astres

VERNISSAGE > 9 MARS 2023 > 19H – 21H
EXPOSITION > 9 MARS – 22 AVRIL 2023

marie raymond - exposition 2023 galerie diane de polignac

Visite de l’exposition “Marie Raymond, Le Royaume invisible Abstraction-Figures-Astres”
Du 9 mars au 22 avril 2023.

L’abstraction, envers et contre tout
Lucia Pesapane, Historienne de l’art et commissaire d’exposition (extrait)

En 1964, lorsque Marie Raymond amorce une nouvelle série de peintures abstraites, elle a 56 ans et va continuer de peindre, d’écrire et de fréquenter le monde de l’art durant une vingtaine d’années. Bien qu’elle ait conscience de ce que les tendances artistiques évoluent vers une forme conceptuelle et un engagement politique, elle reste fidèle à l’abstraction qui devient pour elle un soutien spirituel et un chemin conduisant à l’infinité du cosmos. Le caractère cyclique de la vie nécessite de tourner son regard vers le ciel se font urgents en 1962 avec la mort soudaine de son fils Yves Klein à l’âge de 34 ans, puis la naissance de son petit-fils, Yves AMU Klein, quelques mois plus tard. L’abstraction lui permet de s’éloigner de la réalité pour l’amener vers une harmonie supérieure. « Ce qui nous parle dans un tableau ce n’est pas l’anecdote qu’il nous raconte, mais ce jeu insaisissable de la vie, éphémère et réelle, toujours autre, toujours nouveau, éternel en soi. »1 Comme d’autres grandes artistes avant elle, Hilma af Klint ou Emma Kunz par exemple, ses toiles sont une représentation visuelle d’idées et de recherches spirituelles complexes. (…)

Le Royaume invisible

La période intitulée Abstraction-Figures-Astres (1964-1989) est marquée par le besoin qu’a l’artiste de trouver une représentation de l’inconscient, de manière que le regard intérieur puisse s’exprimer dans les structures du visible. Cet intérêt pour le transcendant, l’ésotérique et l’occulte que sa sœur Rose lui a transmis dès l’enfance, a été ravivé à l’âge adulte par sa rencontre avec divers personnages du monde artistique. En effet, à son arrivée à Paris, elle partage l’atelier de Piet Mondrian dont la peinture abstraite est nourrie des enseignements de la théosophie – de plus, son fils Yves fut membre de la fraternité de la Rose-Croix de 1948 à 1953 et dans son art on ressent une dimension ésotérique. À l’occasion des « lundis de Marie » que l’artiste organise dans son appartement-atelier entre 1946 et 1954, où se retrouvent une foule de galeristes, de collectionneurs et d’artistes tels que Dufrêne, Hains, Villeglé, Arman, César, Tinguely et probablement Eva Aeppli et Niki de Saint Phalle, toutes deux férues d’astrologie et de tarots.

Cette passion pour la lecture des astres est perceptible dans la manière dont les points et les lignes envahissent de façon quasi inconsciente les tableaux de Marie Raymond. Dans plusieurs toiles, il est difficile de savoir si elles représentent l’aube ou le crépuscule, instant du demi-sommeil qui précède les rêves. Cet instant qui s’étend au-delà des confins rationnels, devient pour elle une source d’inspiration, comme il l’avait déjà été pour les surréalistes. En 1961 Max Ernst crée les « Cryptographies », écritures secrètes qui « n’ont pas de mystère pour celui qui possède des yeux pour voir et des signes pour interpréter », référence évidente à la pataphysique et à l’écriture automatique surréaliste. La Naissance des étoiles, œuvre de Raymond de 1969, rappelle ce procédé et vibre en suggérant l’apparition d’astres toujours nouveaux.