roberta gonzalez - galerie diane de polignac portrait

Roberta González
1938-1941 ca.

Roberta González

(1909-1976)

Roberta González est une peintre française issue de la communauté catalane de Montparnasse. Son oeuvre personnelle, rythmée de femmes, d’oiseaux, de signes et de formes, propose une synthèse unique de la figuration et de l’abstraction.

Œuvres

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roberta gonzalez - papier le regard fixe 1952

Le regard fixe – 1952

Fusain sur papier
72,1 x 48,8 cm
Daté et signé « 4 Août 1952 Roberta Gonzalez » en bas à droite

roberta gonzalez - paper masque blanc 1965

Masque blanc et vert – 1965

Gouache et encre sur papier teinté
41,5 x 24,7 cm
Signé et daté « Roberta Gonzalez 23-7-65 » en bas à droite

roberta gonzalez - papier visage et ses ombres 1967

Visage et ses ombres – 1967

Gouache, encre et plume sur papier
50 x 32,7 cm
Signé et daté « Roberta Gonzalez 1-9-67 » en bas à droite

Jeunesse et formation de Roberta González

Roberta González, fille unique du sculpteur catalan Julio González (1876-1942), naît à Paris le 13 septembre 1909. Roberta grandit au sein de la communauté catalane de Paris. L’art y a une place déterminante : en plus d’un père sculpteur, son oncle Joan González (1868-1908) est dessinateur et ses tantes Lola et Pilar travaillent dans la mode et l’artisanat. Pablo Picasso, ami de longue date de Julio, fréquente régulièrement le domicile familial et aurait encouragé la jeune Roberta dans la pratique du dessin. Roberta González poursuit naturellement la vocation artistique familiale, soutenue par son père qui conserve précieusement ses dessins d’enfant et lui dit : « tu seras peintre et tu réaliseras en tant que peintre ce que ni ton oncle, ni moi-même, ne sommes parvenus à exprimer en peinture ». Un dessin de Roberta de 1918 est même reproduit en 1924 dans la revue Les Feuilles libres : lettres et arts afin d’illustrer « Les Enfants » d’André Lhote. L’attention et les encouragements de son père sont d’autant plus importants que  Roberta est très tôt abandonnée par sa mère Louise « Jeanne » Berton. Roberta écrira dans ses carnets : « Mes tantes, voilà mes vraies mères. L’autre m’est complètement indifférente ». À partir de 1927, Roberta González suit les cours libres de l’Académie Colarossi : une école d’art parisienne, fondée en 1870 par le sculpteur italien Filippo Colarossi. Cette académie mixte autorise les étudiantes à peindre et sculpter d’après des modèles masculins nus. Parmi les artistes les plus connues ayant fréquenté cette académie, on peut citer Camille Claudel par exemple. Réputée pour ses cours de sculpture d’après modèle, l’établissement attire des d’élèves du monde entier. En 1907, l’académie nomme sa première femme professeure, l’artiste néozélandaise Frances Hodgkins, confirmant ainsi son esprit progressiste.

Les guerres et l’exil de la famille González-Hartung

Dans les années 1930, Roberta adopte un style influencé par le cubisme et le surréalisme. La guerre d’Espagne éclate en 1936 et Picasso, Julio et Roberta González manifestent immédiatement dans leurs oeuvres leur solidarité pour l’Espagne républicaine. Julio González et Pablo Picasso représentent ensemble l’Espagne démocratique au sein de l’Exposition universelle de Paris en 1937. En soutien au peuple espagnol, Picasso présente son chef-d’oeuvre Guernica et González sa sculpture en fer La Montserrat. De son coté, Roberta González peint des maternités et des paysannes aux traits anguleux, hommages aux femmes catalanes.

En 1936, la seule sculpture en fer de Roberta est présentée avec son tableau Femme assise dans l’exposition L’art espagnol contemporain au Musée des Écoles Étrangères contemporaines (futur Musée du Jeu de Paume). La sculpture est acquise par l’État français. Bien que née en France, Roberta est donc immédiatement assimilée à la scène artistique franco-espagnole.

En 1937, le peintre abstrait Hans Hartung se présente à Julio González, dont il admire l’oeuvre. Le sculpteur l’accueille dans son atelier à Arcueil et l’initie à sa technique signature : la soudure autogène. Cette technique permet un assemblage de pièces métalliques de même nature par fusion, sans besoin d’un apport de matériau extérieur. Si le respect entre ces deux artistes est mutuel, leur vision créative diffère : Hans Hartung est un défenseur de l’abstraction pure alors que Julio González défend la nécessité absolue de prendre la nature comme point de départ. Roberta González et Hans Hartung se rapprochent et tombent amoureux. Roberta raconte : « J’ai d’abord aimé les oeuvres et après l’homme, peut-être même ai-je aimé l’homme parce que j’ai aimé ses oeuvres. » Roberta González et Hans Hartung exposent ensemble en 1939 à la Galerie Henriette Gomez à Paris. Ils se marient le 22 juillet 1939, mais leur bonheur est interrompu par l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale. Malgré son opposition au régime nazi, Hans Hartung est arrêté et interné. Libéré le 26 décembre, il s’engage dans la Légion étrangère et est envoyé en Afrique du Nord. Après la signature de l’armistice, il est démobilisé, quittant l’armée le 8 septembre 1940. La famille González-Hartung quitte alors le Paris occupé, pour se réfugier à Lasbouygues dans le Lot. Malgré des conditions matérielles très difficiles, Roberta, Julio González et Hans Hartung continent de produire des oeuvres. Roberta réalise des portraits de sa famille, et des figures féminines déformées, portant les traces de la violence de la guerre.

En 1941, Julio González et sa femme Marie-Thérèse Roux, regagnent Paris afin que Julio puisse reprendre la sculpture. Julio González meurt soudainement en mars 1942, c’est une terrible épreuve pour Roberta qui n’a pas pu être aux côtés de son père ni assister à son enterrement. De plus, son mari Hartung doit s’enfuir et quitte le Lot en 1943 pour éviter l’invasion nazie. Le couple ne sera réuni qu’après la fin de la guerre.

L’aprés-guerre et la synthèse Figuration-Abstraction

En 1945, le couple Hartung-González est de retour à Paris. Roberta peint des femmes mélancoliques, reflet de ses années noires de guerre. Les angles cubistes font place aux courbes. Roberta s’affirme comme artiste indépendante, qui tente de faire la synthèse entre figuration et abstraction. Elle définit son vocabulaire iconographique : femmes, masques, oiseaux, soleils, flèches, yeux… et aplats géométriques. Elle écrit : « Les problèmes que posent l’abstraction me hantent au même titre que ceux posés par la figuration. Le plus difficile c’est d’établir une sorte de synthèse des deux expressions. Je suis à la recherche d’une sorte d’équilibre. »

Roberta González bénéficie de ses premières expositions personnelles dans des galeries parisiennes prestigieuses : Jeanne Bucher en 1948, Colette Allendy en 1951, Nina Dausset en 1954 et Paul Mary en 1955. Elle participe également aux salons parisiens et à des expositions collectives en France et à l’étranger. Roberta González et Hans Hartung divorcent en 1952.

En plus de son travail personnel d’artiste, Roberta doit également défendre et promouvoir l’oeuvre de son père. Elle organise de nombreuses expositions et fait entrer des oeuvres dans des collections prestigieuses. Grâce à ses efforts, Julio González aujourd’hui reconnu comme grand pionnier de la sculpture moderne. Comme beaucoup d’héritières d’artistes, Roberta González a souvent mis son oeuvre de côté pour privilégier la reconnaissance de son père.

À partir de 1960, Roberta González vit entre la région parisienne et sa maison-atelier à Bormes-les-Mimosas (Var) : une villa moderniste dont elle dessine elle-même les plans. Sa peinture devient plus colorée et plus dynamique. Le principe de dualité prend beaucoup d’importance dans ses compositions : figuration/ abstraction, immobilité/mouvement, ombre/lumière… Ses oeuvres sont poétiques et joyeuses. La première exposition familiale a lieu en 1965 : Les Trois González est présentée à la Galerie de France à Paris puis à Los Angeles. En 1969, Roberta est récompensée pour les nombreux dons des oeuvres de son père, elle est nommée Grande Donatrice aux Musées nationaux de France. Deux ans plus tard, elle reçoit le titre de Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. En 1971, Catherine Valogne écrit une biographie de l’artiste, publiée aux éditions Le Musée de Poche. Roberta González décède le 10 juillet 1976.

Roberta González, Arcueil, France, 1949 ca.

COLLECTIONS (SÉLECTION)

Collections publiques (sélection)

Allemagne
Nürtingen, Sammlung Domnick

Espagne
Alicante, Museo de Arte Contemporáneo de Alicante – MACA>
Barcelone, Musée national d’art de Catalogne
Valence, Institut valencien d’art moderne

France
Antibes, Fondation Hans Hartung et Anna-Eva Bergman
Nantes, Musée des arts de Nantes
Paris, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou
Paris, González Administration
Paris, Centre national des arts plastiques
Pau, Musée des Beaux-Arts
Roubaix, La Piscine
Saint-Paul-de-Vence, Fondation Maeght
Vézelay, Musée Zervos – Maison Romain-Rolland

États-Unis
Wellesley, MA, Davis Museum at Wellesley College

EXPOSITIONS (SÉLECTION)

Expositions (sélection)

Exposition collective, Galerie Castelucho, Paris, France, 1933

Salon des Surindépendants, Paris, France, 1934, 1951

Exposition collective, L’art espagnol contemporain, Musée des Écoles étrangères contemporaines, Jeu de Paume, Paris, France, 1936

Exposition collective, Dessins et pastels par Roberta González et Hans Hartung, Galerie Henriette, Paris, France, 1939

Exposition collective, Art de l’Espagne républicaine : les artistes espagnols de l’École de Paris, Salle Manes, Prague, République Tchèque, 1946

Exposition collective, Premier salon d’art catalan, Galerie Reyman, Paris, France, 1946

Exposition personnelle, Galerie Jeanne Bucher, Paris, France, 1948

Exposition collective, Prix Hallmark, Galerie Wildenstein et Galerie des Beaux-Arts, Paris, France, 1949

Exposition personnelle, Galerie Colette Allendy, Paris, France, 1951

Exposition collective, Prix de la critique, Galerie Saint-Placide, Paris, France, 1951

Exposition personnelle, Galerie Nina Dausset, Paris, France, 1954

Exposition personnelle, Galerie Otto Stangl, Munich, Allemagne, 1954

Exposition personnelle, Galerie Peggy de Salles, Birmingham AL, États-Unis, 1954

Exposition collective, Hommage des artistes espagnols au poète Antonio Machado, Maison de la Pensée française, Paris, France, 1955

Exposition personnelle, Galerie Paul Mary, Paris, France, 1955

Exposition personnelle, Club Urbis, Madrid, Espagne, 1960

Exposition personnelle, Galerie Syra, Barcelone, Espagne, 1960

Exposition collective, Les Trois González, Galerie de France, Paris, France, puis Galerie Landau, Los Angeles, CA, États-Unis, 1965

Exposition personnelle, Roberta González, Ombres et lumières, Galerie de France, Paris France, 1968

Exposition collective, Les Trois González, Galerie del Ateneo, Madrid, Espagne puis Palau de la Virreina, Barcelone, Espagne, 1968

Exposition collective, Julio González en famille, Château de Tours, France, 2007

Exposition personnelle, Roberta González : Le Regard et la mémoire, Musée d’Histoire et d’Art, Bormes-les-Mimosas, France, 2012

Exposition collective, Roberta y Julio González, IVAM Centre Julio González, Valence, Espagne, 2012

Exposition collective, Hans Hartung : Les années de guerre, Musée Zervos, Vézelay, France, 2018

Exposition collective, Picasso et l’exil. Une histoire de l’art espagnol en résistance, Les Abattoirs, Toulouse, France, 2019

Exposition collective, De Miró a Barceló. Un siglo de arte español, Centre Pompidou, Málaga, Espagne, 2020

Exposition personnelle, Roberta González, l’art de voler de ses propres ailes, Galerie Espace des Femmes, Paris, France, 2022

Exposition personnelle, Roberta González, une collection madrilène, Centro de cultura contemporanea Conde Duque, Madrid, Espagne, 2023

Exposition personnelle, Roberta González dans les collections du Centre Pompidou, Centre Pompidou, Paris, France, 2024

BIBLIOGRAPHIE (SÉLECTION)

Bibliographie (sélection)

Ouvrages et articles

Catherine Valogne, Roberta González, Paris, Le Musée de Poche, 1971

Vicente Aguilera Cerni, Julio, Joan, Roberta González : Itinerario de una dinastía, Barcelone, Polígrafa, 1973

Amanda Herold-Marme, « Roberta González : une artiste de l’entre-deux », Mémoire de Master 2 sous la direction d’Arnauld Pierre, Université Paris – Sorbonne (Paris IV), 2010

Amanda Herold-Marme, « Roberta González : un parcours artistique forgé par la guerre », Lettre du séminaire « Arts et Sociétés », Centre d’histoire de Sciences Po, no 73, 15 avril 2014

Amanda Herold-Marme, « La Succession Gonzalez : 75 ans de promotion d’un patrimoine familial », dans J. Baiao (ed.), Artists’ Legacies : Preservation, Study, Dissemination, Institutionalization, Actes du colloque, Lisbonne, Fundação A. Szenes/Vieira da Silva, 20-21 mai 2021

Catalogues d’exposition

Luis González Robles, Roberta González, Madrid, Club Urbis, 1960

Pierre Descargues, Joan Gonzalez, Julio Gonzalez, Roberta Gonzalez, Peintures et dessins inédits, Galerie de France, Paris, 1965

Carlos Arean, Joan González, Julio González, Roberta González, Catalogue de l’exposition, Sala de Santa Catalina del Ateneo, Madrid, et Palacio de la Virreina, Barcelone, Cuadernos de arte, 1968

Pierre Descargues, Roberta Gonzalez : Ombres et Profils, Galerie de France, Paris, 1968

Artistas españoles de Paris : Praga 1946, Caja de Madrid : Sala de Exposiciones Casa del Monte, Madrid, 1993

Julio González en famille, Château de Tours, 2008

Roberta y Julio González, – Instituto Valenciano de Arte Moderno Centro Julio González (IVAM), Valence, 2012

Roberta González : Le Regard de la Mémoire, Musée d’Histoire et d’Art de Bormes-les-Mimosas, 2012

De Miró a Barceló. Un siglo de arte español, Centre Pompidou, Málaga, 2020

Roberta González, una pequeña colección madrileña, Museo de Arte Contemporáneo Conde Duque, Madrid, 2023