(1930)
La Galerie représente l’artiste Inès Blumencweig depuis 2023.
Argentine vivant à Rome, Inès Blumencweig est une artiste virtuose qui crée des œuvres entre peinture et sculpture. Sa grande connaissance technique lui permet de maîtriser des matériaux divers comme le métal, le bois et les rubans. Son œuvre se rapproche du Spatialisme, de l’art cinétique et de l’Arte Programmata, tout en restant fondamentalement personnelle et originale.
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INÈS BLUMENCWEIG
Structures dynamiques
Catalogue 80 pages – Textes de Domitille d’Orgeval & Benjamin de Roubaix
Inès Blumencweig est née le 16 juin 1930 à Buenos Aires. Elle porte le nom de son père polonais, Leonardo Blumencweig, arrivé en Argentine vers l’âge de quinze ans. La mère d’Inès, Alberta, a aussi des origines d’Europe de l’Est. Sa famille, les Peltzman, s’installent en Argentine au début du XXe siècle, au même moment que la création de la Jewish Colonization Association. Cette association a été créée à Londres par le baron Maurice de Hirsch en 1891 afin de favoriser l’émigration de familles juives européennes vers l’Argentine, en créant des colonies agricoles qui leur permettent de quitter l’Europe face à la montée de l’antisémitisme. On appelle ces familles les « Gauchos juifs » (1).
En 1943, Inès Blumencweig intègre l’École des arts décoratifs Fernando Fader à Buenos Aires. C’est une école inspirée du Bauhaus où est enseigné l’artisanat et le design. Inès Blumencweig termine cette formation à 18 ans. Puis, la jeune artiste fréquente les ateliers des peintres surréalistes argentins Nélida Demichelis et Juan Batlle Planas (1911-1966). Les premières œuvres d’Inès Blumencweig sont ainsi empreintes d’influences surréalistes. Dans l’atelier de Juan Batlle Planas, elle rencontre les peintres Roberto Aizenberg (1928-1996), Julio Silva (1930-2020) et Victor Chab (1930) qui deviennent des amis proches.
Au fil des années 1950, Inès Blumencweig évolue vers la peinture non figurative. Elle se rapproche du mouvement « Informaliste » (Movimiento Informalista), fondé par les artistes argentins Kenneth Kemble (1923- 1998), Luis Alberto Wells (1939-2023), Alberto Greco (1931-1965) et Mario Pucciarelli (1928-2014). En 1952, Inès Blumencweig bénéficie d’une exposition au Museo de Artes Plásticas Eduardo Sívori à Buenos Aires. Deux ans plus tard, elle participe à une exposition de jeunes peintres surréalistes à la Galerie Wilenski à Buenos Aires également. Les œuvres d’Inès sont aussi présentées à la Galerie Galatea en 1956, à la Galerie Plástica en 1957 et à la Galerie Rubbers en 1958.
Inès Blumencweig épouse Mario Pucciarelli en 1960. Cette même année, une exposition personnelle au Museo de Arte Moderno de Buenos Aires lui est consacrée. Entre 1960 et 1961, des œuvres d’Inès Blumencweig sont incluses à l’exposition itinérante Pintura Argentina contemporánea, qui présente des artistes argentins dans les musées d’art contemporain de Mexico, Rio de Janeiro et Buenos Aires.
Mario Pucciarelli remporte le Prix national de peinture Torcuato Di Tella, qui était alors le principal mécène pour l’art d’avant-garde argentin. Le peintre obtient ainsi une bourse pour vivre un an à Rome. Grâce à ce prix, Mario Pucciarelli est aussi nominé pour la bourse Guggenheim, une récompense américaine décernée annuellement depuis 1925 par la Fondation John- Simon-Guggenheim. C’est l’occasion pour le couple de voyager aux États-Unis à l’automne 1960. Ils visitent New York et Washington. Ils y découvrent le courant de l’Abstract Expressionism : c’est un choc pour l’artiste Inès Blumencweig qui rentre de ce voyage avec l’envie de faire table-rase et d’envisager la peinture tout à fait autrement. En cela, elle s’inscrit parfaitement dans les tendances artistiques du début des années 1960 qui veulent rompre avec la peinture de la décennie précédente. C’est sous cette impulsion qu’Inès Blumencweig introduit le métal dans son travail.
Inès Blumencweig et Mario Pucciarelli s’installent à Rome en 1961. Le prix remporté par Mario leur permet d’obtenir un atelier au cœur de la ville, Via del Babuino. Le couple commence à vendre des œuvres et Inès a également des revenus grâce à son activité de journaliste pour des revues d’art. Ils s’installent à Rome définitivement.
Les années 1960 sont une décennie d’effervescence artistique en Italie, entre l’Arte povera de Germano Celant, l’Arte Programmata (branche italienne de l’art cinétique) et le Spatialisme de Lucio Fontana.
Le couple Pucciarelli-Blumencweig fréquente toute une communauté d’artistes parmi lesquels Lucio Fontana (argentin également), Mimmo Rotella (1918-2006), Carla Accardi (1924-2014), Antonio Sanfilippo (1923-1980), Umberto Mastroianni (1910-1998), Achille Perilli (1927- 2021), Piero Dorazio (1927-2005), Afro Basaldella (1912- 1976), Aldemir Martins (1922-2006) et Joaquin Roca Rey (1923-2004).
L’artiste Inès Blumencweig contribue aux mouvements d’avant-garde italiens en créant des toiles percées de lames de métal. Elle introduit ainsi les notions de rythme, d’espace et d’optique dans ses œuvres et joue sur l’ambivalence entre peinture et sculpture. Inès Blumencweig fait preuve d’une grande virtuosité technique dans la maîtrise de ces matériaux grâce à ses études en arts décoratifs. L’artiste nomme ces œuvres métalliques Structures sensibles. En 1963, le Musée d’art moderne de Miami lui consacre une exposition personnelle. À partir de 1964, plusieurs galeries romaines présentent son travail, notamment la Galleria Pogliani et la Galleria P21 ainsi que la Galleria La Metopa à Bari.
Tout en continuant ses recherches artistiques, elle travaille entre 1965 et 1990 comme journaliste d’art pour l’ANSA (Agenzia Nazionale Stampa Associata) principale agence de presse italienne et la cinquième dans le monde, fondée à Rome en 1945. Elle commente ainsi la vie culturelle italienne et reste très attentive aux innovations artistiques de son époque. Inès contribue également à des revues latino-américaines depuis Rome.
À la fin des années 1960, Inès Blumencweig remplace le métal par des supports en bois qu’elle coupe, perce et peint à l’acrylique. Le support en bois adopte toutes sortes de formes géométriques, délivrant l’artiste du traditionnel support rectangulaire. Inès y ajoute des rubans colorés en nylon qu’elle tend, vrille et enroule et dont les contorsions rappellent les bandes colorées des œuvres cinétiques.
En 1980, la Galleria P21 à Rome organise ce qui restera la dernière exposition individuelle d’Inès Blumencweig pendant 42 ans, jusqu’à la récente exposition personnelle à la Maison de l’Amérique latine en 2022. De 1981 à 1987, Inès vit en France, entre Paris et Nice. Elle y bénéficie de quelques expositions dans des galeries et continue son travail de bois et de rubans de nylon. Elle retourne ensuite à Rome.
Bien que l’artiste Inès Blumencweig s’inscrive pleinement dans les recherches plastiques de son temps, son travail reste confidentiel. Même si son œuvre est présenté plusieurs fois en Italie, elle y est souvent présentée comme « artiste étrangère ».
L’œuvre d’Inès Blumencweig est redécouverte en 2020 à l’occasion d’une étude sur le travail de son époux par l’ISLAA (Institute for Studies on Latin American Art). Fondé en 2011 et basé à New York, cet institut poursuit une mission d’enrichissement des connaissances de l’art moderne et contemporain d’Amérique latine à travers un programme d’expositions, de publications et de conférences à la disposition du public, des étudiants et des chercheurs.
Jordi Ballart, directeur de projet à l’ISLAA et commissaire d’exposition, rencontre Inès Blumencweig dans son atelier à Rome. Il organise ensuite une exposition à la Maison de l’Amérique Latine à Paris en 2022-2023 : Inès Blumencweig, Structures sensibles. L’exposition rend hommage à l’artiste à travers onze œuvres significatives créées entre 1961 et 1978, prêtées par la Collection ISLAA de New York. Cette exposition personnelle d’Inès Blumencweig est la première depuis 1980. Elle met en lumière sa contribution aux mouvements artistiques italiens des années 1960 et 1970, notamment du Spatialisme, de l’Arte Povera et de l’Arte Programmata.
Benjamin de Roubaix & Mathilde Gubanski
© Galerie Diane de Polignac
Avec la participation de Jordi Ballart
Institute for Studies on Latin American Art (ISLAA)
Inès Blumencweig, Rome, 1962. Photo: Alfio di Bella
Collections (sélection)
Buenos Aires (Argentine), Musée d’Art moderne de Buenos Aires
Buenos Aires (Argentine), Association Arte de la Argentina
Calasetta (Italie), MACC – Musée d’art contemporain de Calasetta
Miami, FL (États-Unis), Musée d’art moderne
Montevideo (Uruguay), Musée d’art moderne
New York (États-Unis), Institute for Studies on Latin American Art, ISLAA
Paris (France), Fonds d’art contemporain – Paris Collections
Expositions (sélection)
Exposition personnelle, Museo de Artes Plásticas Eduardo Sívori, Buenos Aires, 1952
Exposition de groupe, 6 peintres surréalistes, Galerie Wilenski, Buenos Aires, 1954
Exposition de groupe, 4 peintres surréalistes, Club Cuatro Vientos, Buenos Aires, 1955
Exposition de groupe, Premier salon d’art moderne de Mar del Plata, 1956
Exposition personnelle, Galerie Galatea, Buenos Aires, 1956
Exposition personnelle, Galerie Plastica, Buenos Aires, 1957
Exposition personnelle, Galerie Rubbers, Buenos Aires, 1958, 1961, 1964
Exposition de groupe, Arte moderno des Rio de la Plata, Museo Sívori, Buenos Aires, 1959
Exposition personnelle, Galerie Yumar, Buenos Aires, 1960
Exposition personnelle, Museo de Arte Moderno, Buenos Aires, 1960
Exposition itinérante collective, Pintura Argentina contemporànea, qui présente des artistes argentins dans les musées d’art contemporain de Mexico, Rio de Janeiro et Buenos Aires, entre 1960 et 1961
Exposition de groupe, Galerie Barsasky, Rio de Janeiro, 1961
Exposition de groupe, 8 pintores y escultores, Galerie il corso, Milan, 1961
Exposition personnelle, Musée d’art moderne de Miami, Miami FL, 1963
Exposition de groupe, Argentina en el Mundo, Fundacion Torquato Di Tella, Buenos Aires, 1963
Exposition personnelle, Galerie Pogliani, Rome, 1964
Exposition personnelle, Galerie La Metopa, Bari, 1965
Exposition de groupe, Suono-movimento-colore, Galerie il obelisco, Rome, 1966
Exposition de groupe, Immagini di spazio, Galerie Feltrinelli, Rome, 1966
Exposition de groupe, Biennale Romana e del Lazio, Rome, 1967
Exposition de groupe, IVe Biennale d’art du métal, Gubbio, 1967
Exposition de groupe, Galerie Méduse, Rome, 1967
Exposition de groupe, Participation au Prix Salvi, Sassoferrato, 1968
Exposition de groupe, Vision 12 (avec entres autres Lucio Fontana, Juan Rocca,Rey…) Institut Italo-Latino Américain, Rome, 1969
Exposition de groupe, Xe Quadriennale de Rome, 1977
Exposition de groupe, Première Biennale italo-latino-américaine de techniques graphiques, Institut italo-latino-américain, Rome, 1979
Exposition personnelle, Galerie P21, Rome, 1980
Musée d’art moderne de Rio de Janeiro, 1981
Exposition de groupe, Salon d’automne, Grand Palais, Paris, 1981
Exposition de groupe, Salon des Grands et Jeunes d’aujourd’hui, Grand Palais, Paris, 1982, 1983
Exposition de groupe, Art+Objet, Grand Palais, Paris, 1984
Exposition personnelle, Inès Blumencweig, Structures sensibles, Maison de l’Amérique Latine en collaboration l’ISLAA, Paris, du 13 octobre 2022 au 7 janvier 2023
Exposition personnelle, Inès Blumencweig, Structures dynamiques, Galerie Diane de Polignac, Paris, 2024
Exposition de groupe, Une brève histoire de fils de (de 1960 à nos jours), Maison de l’Amérique Latine, Paris, 2025
Bibliographie (sélection)
Maria Laura San Martin, Pintura Argentina Contemporánea, Editorial La Mandrágora, Buenos Aires, 1961
Filiberto Menna, Blumencweig, Galerie Pogliani, Rome, 1964
Enrico Crispolti, Blumencweig, Nuova Foglia, Macerata, Italie (collection panorama de l’art moderne – graphisme), 1971
Córdova Iturburu, Ochenta Años de Pintura Argentina, Editorial Librería de la Ciudad, Buenos Aires, 1978