Peintre des lignes noires, il est naturel pour Bernard Buffet de se tourner vers la gravure. Travailleur infatigable, l’artiste va en explorer les techniques pour donner à ses œuvres graphiques la même puissance que ses œuvres peintes.

LA POINTE SÈCHE

L’artiste peintre Bernard Buffet utilise la technique de la pointe sèche : un outil pointu incise une plaque de métal. Cette incision crée des barbes de métal autour du sillon. L’artiste peut choisir d’enlever ces résidus métalliques pour obtenir un trait net et précis, ou de les conserver pour rendre le trait plus nerveux et irrégulier. La pointe sèche se manipule comme un crayon et le tracé se fait à main levé. Cette technique demande une grande maîtrise du dessin et convient ainsi parfaitement à Bernard Buffet. Il taille le métal tel un sculpteur, sans possibilité de repentir.

Albrecht Dürer est l’un des premiers artistes à utiliser la technique de la pointe sèche et c’est dans cette filiation que s’inscrit l’artiste Bernard Buffet. « Il faut rendre à Bernard Buffet d’avoir retrouvé l’ambition de cet illustre prédécesseur : adopter une technique artisanale, s’emparer de la pointe sèche, et labourer soi-même le métal, l’outil prenant tout bonnement la place du pinceau, et témoin immédiat de l’acte créateur. » [1] explique Gerhard Reinz. Il ajoute : « Bernard Buffet graveur retrouve l’inspiration des grands maîtres et mérite d’être reconnu de leur lignée pour avoir comme eux grandi la gravure aux dimensions de l’Art. »

[1] Gerhard F. Reinz, Bernard Buffet gravures 1948-1967, Orangerie, Cologne, 1967

Le Lapin, 1955
Pointe sèche sur papier – 56 x 76 cm
Numéroté « 70/125 » en bas à gauche
Signé « Bernard Buffet » en bas à droite
Galerie Diane de Polignac, Paris

Toréro 1, 1961
Pointe sèche sur papier – 76 x 57 cm
Numéroté « 51/75 » en bas à gauche
Signé « Bernard Buffet » en bas à droite
Galerie Diane de Polignac, Paris

LA LITHOGRAPHIE

Le peintre Bernard Buffet pratique également la lithographie. Cette technique est basée sur la répulsion réciproque de l’eau et des corps gras. L’artiste dessine avec un crayon sur une pierre calcaire qui en retient le gras. Une solution d’acide nitrique est ensuite passée sur la pierre pour fixer le dessin et une couche de gomme arabique est appliquée sur les parties destinées à rester blanches. La pierre est ensuite mouillée et encrée. Seules les parties grasses retiennent l’encre. Une feuille de papier est posée sur la pierre et le tout est passé sous une presse.

Pour créer une lithographie colorée, il faut utiliser une pierre par couleur. L’artiste définit à l’avance les différentes zones colorées. Chaque pierre est encrée de la couleur appropriée et tirée tour à tour sur la même feuille de papier. C’est donc une technique complexe qui demande un repérage très précis.

Le Lys, 1970
Lithographie en couleurs sur papier – 76 x 56 cm
Numéroté « 69/150 » en bas à gauche
Signé « Bernard Buffet » en bas à droite
Galerie Diane de Polignac, Paris

LES ALBUMS

Créant sans cesse, l’artiste Bernard Buffet travaille plusieurs planches en même temps et les réunit parfois en albums.

Nous pouvons citer Herbier, un ouvrage publié en 1966 aux éditions AC Mazo. Cet album rassemble 16 lithographies en couleurs accompagnées de poèmes de Louise de Vilmorin. Il illustre 16 fleurs différentes, chacune placée dans un vase posé sur table devant un fond neutre. Sur chaque planche est inscrit le nom de la plante ainsi que la signature de Bernard Buffet. L’œuvre Le Chrysanthème du Japon présenté ici fait partie de cet
ensemble.

Le Chrysanthème du Japon, 1965 ca.
Lithographie en couleurs sur papier – 44 x 32 cm
Signé « Bernard Buffet » en bas à droite
Galerie Diane de Polignac, Paris

En 1968, le peintre Bernard Buffet crée Mon Cirque : un album de 44 lithographies en couleurs publié aux éditions Fernand Mourlot. Terminé en plein mouvement social, cet ouvrage montre la volonté de Bernard Buffet de travailler en toutes circonstances. L’artiste guidé par sa créativité infatigable traversait Paris et les manifestations pour se rendre à l’imprimerie.

Auguste, 1968
Lithographie en couleurs sur papier – 72 x 51 cm
Numéroté « 29/120 » en bas à gauche
Signé « Bernard Buffet » en bas au centre
Galerie Diane de Polignac, Paris

Mon Cirque, 1968
Lithographie en couleurs sur papier – 72 x 51 cm
Signé « Bernard Buffet » en bas au centre
Épreuve d’artiste non numérotée
Galerie Diane de Polignac, Paris

LES SPECTACLES

La gravure permet également à l’artiste Bernard Buffet d’entrer dans le monde des arts scéniques. Il réalise les décors et costumes de plusieurs ballets : La Chambre en 1955 (argument de Georges Simenon, musique de Georges Auric), Le Rendez-vous manqué en 1958 (argument de Françoise Sagan, mise en scène par Roger Vadim) et Patron en 1959 (argument de Marcel Aymé, musique de Guy Béart).

En 1962, Gaston Defferre, maire de Marseille et Louis Ducreux, metteur en scène, commandent à Bernard Buffet les décors et les costumes pour l’opéra Carmen (livret de H. Meihag et L. Halévy, musique de Georges Bizet). Ce spectacle est présenté pour la première fois à l’Opéra de Marseille le 26 octobre 1962. C’est pour cette commande que Bernard Buffet réalise les lithographies Le Matador et Carmen présentées ici.

Le Matador, 1962
Lithographie en couleurs sur papier – 76 x 56 cm
Numéroté « 19/180 » en bas à gauche
Signé « Bernard Buffet » en bas à droite
Galerie Diane de Polignac, Paris

Carmen, 1962
Lithographie en couleurs sur papier – 76 x 56 cm
Numéroté « 72/180 » en bas à gauche
Signé « Bernard Buffet » en bas à droite
Galerie Diane de Polignac, Paris

New York, 1959
Pointe sèche sur papier – 76 x 56 cm.
Galerie Diane de Polignac