Peintre américaine installée en France, Loïs Frederick se rattache à la tendance de Colorfield Painting, une abstraction marquée par des champs de couleur superposés.
Avec Loïs Frederick, cette peinture plane n’en est pas moins solidement édifiée. Construite par des aplats de couleurs employés par strates, cette abstraction supprime tout effet de profondeur. C’est toute la puissance de la brosse qui déroulée dans un mouvement ascendant et descendant structure l’ensemble de l’oeuvre : cela rejoint la technique du push and pull du peintre Hans Hofmann dans laquelle les couleurs posées en aplats denses, « avancent » et « reculent » sur le support.
C’est aussi la force de la couleur qui structure l’œuvre et fait vibrer la matière. Par l’usage de couleurs complémentaires – dans cette œuvre de 1969 le vert et l’orangé- et par l’usage de couleurs fluorescentes au tournant des années 1970, la puissance chromatique est à son comble et donne à l’œuvre une luminosité étourdissante bien qu’aucun jaune ne soit utilisé.
Originaire du Nebraska et marquée l’immensité des espaces et par le climat contrasté, à la lumière stridente, de sa terre natale, Loïs Frederick fait de ses œuvres le miroir de ces chocs visuels. « Latitude Rome. Altitude 900 mètres. Le soleil, la lumière, quelle que soit la saison, sont au rendez-vous. Climat de contrastes… » décrit Michel Faucher à ce sujet.
Peu importe le support utilisé – toile ou papier comme ici employé – ou le format choisi, Loïs Frederick met dans ses
œuvres la même énergie à nous livrer une abstraction solidement construite, une porte d’évasion vers une autre réalité, un choc émotionnel.
Texte : Astrid de Monteverde
© Astrid de Monteverde / Galerie Diane de Polignac