L’artiste peintre Huguette Arthur Bertrand est un membre actif de la scène artistique parisienne d’après-guerre. Son œuvre polymorphe nous permet de retracer l’évolution de l’Abstraction lyrique, des années 1950 aux années 1990. D’abord géométrique, son élan pictural sera ensuite gestuel puis aérien.
Dans l’immédiat après-guerre, la peintre Huguette Arthur Bertrand fréquente l’Académie de la Grande Chaumière. Elle s’immerge pleinement dans l’ébullition artistique de Saint-Germain-des-Prés. Elle se lie d’amitié avec Serge Poliakoff, Pierre Dmitrienko, Jean-Michel Atlan…
L’artiste Huguette Arthur Bertrand participe à l’effervescence de liberté picturale ; celle de la sortie d’un conflit mondial. La scène artistique parisienne est animée par des débats entre figuration et abstraction, mais également entre abstraction géométrique et abstraction gestuelle.
Après une courte pratique de la figuration, Huguette Arthur Bertrand expérimente avec une géométrisation des formes, dans l’héritage du cubisme. Ses œuvres sont découpées et rythmées par des lignes, l’artiste veut « déchirer la forme sans la nier ».
Huguette Arthur Bertrand expose en 1951 à la Galerie Niepce à Paris, et participe en 1949 et en 1950 à l’exposition clé Les Mains Éblouies à la Galerie Maeght. En 1955, elle reçoit le célèbre Prix Fénéon. L’artiste Huguette Arthur Bertrand participe régulièrement aux principaux salons d’art abstrait de Paris : au Salon de Mai dès 1949 jusqu’à la fin des années 1980, au Salon des Réalités Nouvelles dès 1950 jusqu’aux années 1990, et au Salon d’Automne. L’abstraction de Huguette Arthur Bertrand est alors contenue. Ses œuvres se construisent sur la juxtaposition d’aplats de couleurs froides.
Dans les années 1950, l’œuvre de la peintre Huguette Arthur Bertrand évolue déjà. Les formes géométriques définitivement abstraites se répartissent sur la surface de la toile, et l’ensemble est surligné de hachures décidées. Huguette Arthur Bertrand développe ce graphisme rompu sur toile comme sur papier. Son travail à l’encre montre son assurance et une grande maîtrise du geste.
L’œuvre de la peintre Huguette Arthur Bertrand est présentée à l’étranger : une exposition personnelle lui est consacrée à la Meltzer Gallery à New York en 1956, puis au Palais des beaux-arts de Bruxelles en 1957. La même année, la peintre Huguette Arthur Bertrand participe également à l’exposition New talents in Europe à l’Université d’Alabama. En 1958 et en 1960-1961, elle expose à la Howard Wise Gallery à Cleveland.
Huguette Arthur Bertrand hache, surligne, découpe. C’est décidé : c’est la forme dans l’espace qui comptera plus que tout. La couleur en second plan, est un support à la recherche plastique. La palette de l’artiste se tourne vers les tons chauds : rouge, ocre, brun. Ce camaïeu accompagne le lyrisme exalté des années 1960. La peinture de Huguette Arthur Bertrand devient de plus en plus gestuelle, libérée, souple. « Ce sont des choses qui volent, des objets abstraits qui font des grimaces, des mouvements qui découpent l’espace » écrit Michel Ragon. Le caractère volcanique de l’artiste se retrouve dans la palette chaude et le geste assuré de ses œuvres, également souligné par ses titres véhéments : Raz de Marée, Cela qui gronde, Torrent, Foudre, Écume noire…
« J’ai souhaité inventer des espaces, comme en mouvement, par les ressources de la peinture » Huguette Arthur Bertrand
À partir de 1971, l’artiste peintre Huguette Arthur Bertrand se tourne vers la tapisserie et reçoit des commandes du Mobilier national. C’est l’occasion pour l’artiste de faire évoluer une nouvelle fois son œuvre. Huguette Arthur Bertrand prolonge le renouveau de la tapisserie entrepris par Jean Lurçat.
L’artiste Huguette Arthur Bertrand mêle également peinture et tissus dans des collages, où les chiffons qui essuient les pinceaux apportent formes et couleurs à la composition. Ces œuvres audacieuses montrent une volonté de s’inscrire dans une vision contemporaine des œuvres textiles, entre peinture et objet, entre art et artisanat. En 1976, la critique d’art Aline Dallier-Popper écrit à propos du rapport des femmes à la création textile, et invente le terme de « nouvelles Pénélopes » qui s’applique parfaitement à l’artiste Huguette Arthur Bertrand.
Au tournant des années 1980, la peinture en camaïeu de la peintre Huguette Arthur Bertrand se fluidifie pour envahir toute la surface de la toile. Les compositions sont aériennes, apaisées et poétiques. Quelques ondulations sont déposées sur la toile avec douceur.
Ces œuvres rappellent celles de Joseph Sima que Huguette Arthur Bertrand avait rencontré à Prague en 1946. Les couleurs diluées font apparaître des effets subtils de transparence et de lumière.
Les œuvres des années 1990 sont silencieuses et délicates, l’artiste nous montre toute sa sensibilité.
Artiste innovante et audacieuse, la peintre Huguette Arthur Bertrand se renouvelle tout au long de sa carrière. À partir des premières inspirations cubistes, elle développe une peinture personnelle, pure et gestuelle.
Huguette Arthur Bertrand a ainsi brillamment trouvé sa place dans la scène artistique de l’après-guerre.
Par Mathilde Gubanski
© Mathilde Gubanski / Galerie Diane de Polignac, 2020