(1895-1966)
Figure majeure de l’art moderne chinois, le peintre Sanyu concilie la tradition de la calligraphie chinoise aux apports de la peinture avant-garde occidentale. Installé à Paris, il a l’audace de croquer des nus sur modèle vivant. On l’appelle « le Matisse chinois ».
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SANYU
EXPOSITION PERSONNELLE
25 JANVIER – 25 MARS 2016
SANYU, Hors champ
Coéditions Still / Galerie Diane de Polignac
96 pages – Français / anglais / chinois
Auteurs : Gabriel Bauret, Anna Cabrera & Ángel Albarrán et Jacques Aumont
SANYU
Face au modèle
Coéditions Still / Galerie Diane de Polignac
96 pages – Français / anglais / chinois
Auteurs : Sylvie Buisson / Philippe Cinquini
Sanyu 常玉 naît en 1895 à Nanchong, dans la province chinoise de Sichuan, dans une famille aisée qui détient l’une des plus grandes fabriques de tissage de soie de la région. Scolarisé à la maison et très tôt éveillé à l’art, il apprend les bases de la peinture avec son père, peintre animalier de lions et de chevaux, et la calligraphie avec le célèbre calligraphe Zhao Xi. Après un séjour au Japon entre 1918 et 1919, il revient en Chine et étudie à l’Université de Shanghai. Sanyu suit ensuite le mouvement des étudiants chinois envoyés en France via un programme d’études soutenu par le gouvernement chinois et arrive à Paris en 1921 pour étudier l’art. Il y rencontre l’artiste chinois Xu Beihong et sa femme, arrivés un an auparavant.
Sanyu s’installe définitivement à Paris en 1923, après un séjour à Berlin. L’aide financière que lui envoie son frère Junmin donne au peintre liberté et assurance. À Paris, le peintre chinois Sanyu se mêle à la scène artistique cosmopolite de la capitale, fréquente les cafés de Montparnasse, s’intéresse à tout un monde nouveau qui s’offre à lui. Sanyu n’opte pas pour le parcours classique de l’Académie des beaux-arts de Paris, mais préfère fréquenter l’Académie libre de la Grande Chaumière où il se met à dessiner aussi bien des nus sur modèle vivant – une nouveauté doublée d’une grande audace pour un artiste chinois – que ses camarades de cours en train de dessiner… Il y rencontre d’ailleurs Marcelle Charlotte Guyot de la Hardrouyère qui devient sa compagne et qu’il épouse en 1928. Le peintre chinois Sanyu commence aussi à exposer : au Salon d’Automne en 1925, puis en 1928.
Deux rencontres au tournant des années 1930 vont marquer ponctuellement la reconnaissance et la promotion de l’œuvre du peintre Sanyu. La première rencontre est d’autant plus fortuite que l’artiste connaît déjà des difficultés financières, les fonds envoyés par son frère étant devenus irréguliers. En 1929, Sanyu rencontre d’abord le célèbre marchand et collectionneur Henri-Pierre Roché, un acteur dynamique et avisé du marché de l’art de l’époque. Roché apprécie l’œuvre de Sanyu et se met à promouvoir ce peintre chinois auprès de collectionneurs européens. Il est lui-même aussi un grand collectionneur de Sanyu et en l’espace de deux ans collectionne et acquiert 111 peintures et 600 dessins de l’artiste. Roché contribue aussi à l’enrichissement de la créativité de Sanyu l’incitant par exemple à s’exercer à la gravure, notamment à la pointe sèche, qui permet à l’artiste d’obtenir à la fois de beaux effets stylistiques et d’atteindre un large public à moindre coût.
C’est à cette époque aussi que le peintre chinois Sanyu se met à pratiquer la peinture à l’huile, révélant tout un nouveau potentiel de l’artiste. Ce sera dès lors son medium de prédilection. Par l’intermédiaire de Roché, Sanyu présente alors une peinture à l’huile au Salon des Tuileries de 1930. Cette relation est cependant loin d’être idyllique. Le peintre chinois se plaint d’être insuffisamment payé pour ses œuvres et réclame toujours plus d’argent à Roché : de fait leur relation prend fin en 1932. Or la situation matérielle de Sanyu se dégrade : la mort de son frère en 1931 et la faillite de l’entreprise familiale prive définitivement l’artiste de toute aide financière familiale. La même année, sa femme Marcelle demande le divorce et le quitte.
C’est alors que le peintre Sanyu rencontre le compositeur hollandais Johan Franco qui devient son ami et son agent. Non seulement ce dernier apprécie l’œuvre du peintre, mais il va tenter de promouvoir la peinture de Sanyu à travers ses contacts, en Hollande et en Belgique notamment. Franco multiplie les initiatives pour organiser des expositions de Sanyu : une exposition personnelle lui est consacrée à la J.H. de Bois Gallery à Haarlem en Hollande en 1932 et deux expositions personnelles lui sont consacrées au Kunstzaal Van Lier à Amsterdam en 1933 et en 1934. Mais malgré tous les efforts fournis, le succès est limité et les tableaux de Sanyu ne se vendent pas.
À cette même époque, bien que mêlé à la scène artistique européenne, Sanyu reste en contact avec le milieu artistique chinois. Le célèbre peintre Zhang Daqian apprécie d’ailleurs son œuvre – en 1961 Sanyu réalisera le catalogue de son exposition au Musée Cernuschi à Paris. En 1933, Sanyu est aussi sélectionné parmi 82 peintres chinois pour exposer au Musée du Jeu de Paume à Paris.
Le manque criant de finances pousse le peintre chinois Sanyu à trouver d’autres sources de revenus. Il invente alors au milieu des années 1930, une nouvelle forme de jeu de raquette : le ping-tennis, et tente d’en faire la promotion en France, en Allemagne, à New York même, mais sans un franc succès.
Pendant la guerre, la situation financière de Sanyu est des plus difficiles : par manque d’argent, il ne peut acheter le matériel artistique nécessaire et n’expose aux Salons – Salon des Indépendants – que des sculptures d’animaux et des figures en plâtre peint.
En 1948, Sanyu décide de séjourner à New York pour promouvoir son ping-tennis. Il est alors hébergé dans l’atelier du photographe Robert Frank avec qui il se lie d’amitié. Pour soutenir le travail de son ami, Robert Frank organise pour Sanyu une exposition à New York : aucune de ses œuvres n’est malheureusement vendue.
Le peintre retourne à Paris en 1950 mais sa situation financière n’évolue guère : il vend peu, survit en peignant quelques meubles et en produisant quelques travaux de menuiserie. Sa situation sociale se dégrade aussi : il est de plus en plus seul et de plus en plus renfermé. Cet état d’esprit se traduit dans sa production artistique de maturité par la gravité, la sévérité de ses sujets : des nus à l’érotisme exacerbé, des animaux solitaires, des natures mortes austères, des paysages désertiques.
Grâce à Robert Frank, le peintre chinois Sanyu rencontre néanmoins d’autres artistes européens comme le peintre Jacques Monory et sa femme Sabine, les sculpteurs Marcel van Thienen, Philippe Hiquily et Alberto Giacometti avec qui il se lie d’amitié.
Le début des années 1960 semble sourire à Sanyu : le Ministre de l’Education de Taiwan, Huang Jilu, lui rend visite dans son atelier en 1963 et invite le peintre à enseigner à l’Université nationale normale de Taiwan. Il propose surtout à Sanyu d’organiser une exposition personnelle au Musée national d’Histoire de Taipei. L’année suivante, Sanyu envoie donc 42 peintures pour son exposition à Taipei, mais pour une raison inconnue, ne peut concrétiser son voyage à Taiwan.
En 1965, le peintre Sanyu participe aussi à une exposition collective chez Natacha et Étienne Lévy à Paris aux côtés entre autres, de quatre artistes chinois : Zao Wou-Ki, Zhu Dequn, Pan Yuliang et Xi Dejin.
Sanyu décède mystérieusement en 1966, officiellement d’une intoxication accidentelle au gaz dans son atelier. Il meurt dans une grande pauvreté. À l’inverse de ses contemporains chinois, Xu Beihong et Lin Fengmian qui formés en Europe sont revenus en Chine où ils ont connu la célébrité, Sanyu a préféré rester à Paris pour poursuivre ses recherches artistiques, porté par le vent de modernité qui souffle sur la Ville Lumière.
L’œuvre du peintre chinois connaîtra une renommée posthume spectaculaire.
© Galerie Diane de Polignac
Collections (sélection)
Paris, Musée Cernuschi
Paris, Centre national des arts plastiques
Paris, Musée national d’art moderne
Expositions (sélection)
Salon d’Automne, Paris, 1925, 1928, 1946
Salon des Tuileries, Paris, 1930, 1932, 1936, 1947
Salon des Indépendants, Paris, 1932, 1938, 1942, 1943, 1944, 1945, 1946, 1948, 1954, 1955, 1956
Exposition personnelle, Galerie J.H. de Bois Gallery, Haarlem (Pays-Bas), 1932
Exposition collective, Musée du Jeu de Paume, Paris, 1933
Expositions personnelles, Kunstzaal van Lier, Amsterdam, 1933, 1934
Paris Club Féminin, Paris, 1946
Exposition personnelle, Musée national d’Histoire, Taipei, 1964
Exposition collective, chez Natacha et Etienne Lévy, Paris, 1965
Expositions personnelles, Galerie Jean-Claude Riedel, Paris, 1963, 1992, 1993, 2002
Sanyu, Taiwan, Dimensions Art Center, Taipei, 1992
The Art of Sanyu, Musée national d’Histoire, Taipei, 1995
In search of homeland, The Art of San Yu, Musée national d’Histoire, Taipei, 2001
Sanyu, L’écriture du corps, Musée Guimet, Paris, 2004
Sanyu, A pioneering Avant-Garde in Chinese Modernist Art, The Tina Keng Galerie, Taipei, 2013
Sanyu, Galerie Diane de Polignac, Paris, 2016
Sanyu face au modèle, Galerie Diane de Polignac, Paris, 2023
Bibliographie (sélection)
In search of homeland, The Art of San Yu, catalogue d’exposition, Taipei, Museée national d’Histoire, 2001
Sanyu, L’écriture du corps, catalogue d’exposition, Skira, 2004
Rita Wong, SANYU Catalogue Raisonné Oil Paintings, Yageo Foundation, 2001
Rita Wong, SANYU Catalogue Raisonné Oil Paintings Volume Two, The Li Chin Foundation, 2011
Rita Wong, SANYU Catalogue Raisonné Drawings and Watercolors, The Li-Ching Foundation, 2015
Sur la page FAQ SANYU retrouvez l’ensemble des questions et des réponses dédiées à l’artiste peintre d’art moderne chinois Sanyu.