Sergio de Castro naît le 15 septembre 1922 à Buenos Aires. Il est à la fois compositeur et peintre. C’est avec une bourse du gouvernement français que Sergio de Castro arrive en France en 1949 et s’installe définitivement à Paris.
Il cesse son activité de compositeur pour se consacrer à la peinture et à l’art du vitrail. Très vite, il expose dans les galeries parisiennes : sa première exposition personnelle a lieu à la Galerie Jeanne Castel en 1952 et présente un ensemble de natures-mortes peintes à l’œuf ; une technique que Sergio de Castro se met à utiliser, marqué par les Primitifs Italiens qu’il a pu admirer précédemment lors de ses deux précédents voyages en Italie.
L’exposition Les Choses simples présente justement un ensemble de natures-mortes réalisées entre 1952 et 1956 : deux huiles sur toile et 25 œuvres sur papier peintes à la gouache ou à la peinture à l’œuf. Ces natures-mortes sont organisées en cinq thèmes : les tables, les chaises, les constellations, les poissons et les tables-colonnes.
Ces œuvres montrent des objets personnels de l’artiste. Sergio de Castro nous plonge dans l’intimité de son quotidien à l’atelier. C’est au 16 bis rue du Saint-Gothard dans le 14e arrondissement que Sergio de Castro s’installe en 1953 : un atelier autrefois occupé par Paul Gauguin.
La couleur joue un rôle essentiel dans les natures-mortes de Sergio de Castro grâce au choix de papier Canson de couleur. La teinte du papier devient alors la couleur du fond de la composition mais également la couleur de certains objets qui ne sont plus signifiés que par leurs contours. L’artiste mène ainsi une réflexion sur le plein et le vide. La réserve est aussi importante que l’aplat de peinture. La couleur exulte : elle est à la fois lumière, couleur, surface et forme.
Les objets ne sont pas représentés de façon réaliste, ils sont géométrisés à l’extrême. Aucun modelé, aucune ombre, aucune profondeur. Sergio de Castro assume pleinement la planéité de la feuille de papier et refuse l’illusion spatiale. Les objets sont présentés frontalement au spectateur sur une surface relevée pour en faciliter la lecture.
La nature-morte est « ce fragment du monde qu’on peut ordonner par deux fois, avant de le peindre et en le peignant » écrit Charles Sterling. En effet, l’ordre décidé par l’artiste pour sa phase d’observation ne correspond pas à l’ordre peint. Les objets flottent dans un espace plan, entre ordre et désordre. Les objets dansent. Nous ne sommes pas dans des compositions figées comme le sous-entend le terme de « nature-morte ». Les objets sont comme des notes de musique sur une partition : Sergio de Castro est musicien avant de devenir peintre et cela marque profondément son œuvre picturale. Alors que la nature-morte est souvent un genre du silence, les œuvres de Sergio de Castro sont particulièrement musicales.