Le peintre Gérard Schneider, pionnier de l’Abstraction lyrique Aprés-guerre, prend au début des années 1960 un tournant artistique à la fois radical mais cohérent eu égard au cheminement de ses recherches picturales.
Inspiré par les apports du surréalisme et de l’écriture automatique, l’artiste peintre Gérard Schneider se frotte à l’abstraction dés la fin des années 1930. Il s’intéresse d’abord
à l’exploration de la forme dans les années 1940, puis s’anime pour l’expression d’un geste créateur, puissant et souverain, qui donne vie à la forme.
Coloriste virtuose, ce n’est qu’une fois ces problématiques de forme et de geste maîtrisées que le peintre Gérard Schneider peut pleinement et dans un troisième temps se pencher sur la question de la couleur. L’artiste confie d’ailleurs en 1967 : « Il m’était apparu impossible, dans la recherche d’une nouvelle expression, de mener de front l’invention de la forme et l’invention de sa couleur, tant la préoccupation de l’une seule de ces parties nécessite attention. Mes recherches m’ont fait comprendre qu’il convenait d’abord de résoudre les problèmes de la forme (plus complexe) pour ensuite aborder ceux de la couleur, et enfin de trouver la solution définitive pour la fusion de ces deux éléments devenus complémentaires. »
La palette de l’artiste peintre Gérard Schneider jusque-là lyrique, construite sur des glacis qui apportent vibrance et transparence, devient de plus en plus dense, intense,
saturée. Cette libération de la couleur est dès lors le corollaire d’un geste plus libre, à dimension calligraphique. Pour explorer les effets de la couleur et
de la lumière, Gérard Schneider commence par alléger la charge picturale, laissant poindre en arrière plan de ses tableaux, une lumière diffuse, comme une respiration. Le geste, telle une danse, rythme l’ensemble de la composition. De temps à autre, quelques gouttes de dripping d’une brosse spontanément exercée sur la toile ponctuent la composition naturellement orchestrée. Mais c’est aussi par l’ajout du sable, du sable que l’artiste nouvellement installé près de la forêt de Fontainebleau vient ramasser, que la couleur absorbée par cet additif, devient plus diffuse et prend une dimension onirique.
Puis peu à peu, la palette s’éclaircit, se dote de couleurs plus vives et lumineuses. La couleur devient structurante, elle construit et architecture l’ensemble de la composition. Une véritable libération de la couleur. Quant au geste libéré , il balaie la toile dans un mouvement souple et vigoureux, prenant une dimension calligraphique.
Cette toile de 1968 ici présentée, de beau format, témoigne de ce travail caractéristique du tournant des années 1960 : lumière diffuse, utilisation du sable, dripping se conjuguent en effet pour donner à la toile une dimension onirique et sensorielle. Cette œuvre témoigne aussi de cette libération de la couleur, par l’usage d’un jaune qui irradie de l’arrière-plan et par l’usage d’un vert intense et profond.
Astrid de Monteverde
© Astrid de Monteverde / Galerie Diane de Polignac