À l’occasion de notre exposition, découvrez le peintre Sergio de Castro en 4 chapitres.
Avant de devenir peintre, Sergio de Castro est musicien. Il étudie la musique de 1933 à 1938 et écrit des œuvres qui sont jouées en concert dès 1940. En 1945, Sergio de Castro s’installe à Cordoba en Argentine où il devient l’assistant du compositeur Manuel de Falla. Puis, il est engagé comme professeur d’Histoire de la musique au nouveau conservatoire de La Plata (Argentine). En 1949, grâce à une bourse de l’État français, Sergio de Castro s’installe à Paris, dans un premier temps pour parfaire sa formation musicale. L’année suivante, il intègre le groupe de musique Zodiaque, animé par le compositeur Maurice Ohana.
La musique est très présente dans son œuvre picturale. « De ses études d’architecte et de sa formation de musicien, Sergio de Castro conserve (…) l’organisation et le rythme, la rigueur et la justesse de ton. (…) En 1951, il effectue deux recherches en parallèle : l’une porte sur le dessin avec l’invention de la double ligne, l’autre en peinture avec ses premières peintures blanches. La structure est dominante, très géométrique comme ses formes qu’il réduit par simplification et qu’il articule minutieusement. Dans ses compositions planes et frontales, il équilibre les axes verticaux et linéaires (les colonnes) ou disperse les éléments (les constellations), comme un va et vient entre les recherches de Kandinsky et celles de Mondrian. » [1]
[1] Musée de Saint-Lô, Dany Jeanne, La période de formation et d’expériences (1939-1955), 2006
Plutôt que de parler de séries, le peintre Sergio de Castro travaille en variations : il crée des œuvres autour d’un thème ou d’une technique picturale, puis change de centre d’intérêt et passe à autre chose. Cela rend son œuvre particulièrement riche. Lydia Harambourg écrit : « S’il opte pour un style narratif, tout sujet pour lui est avant tout un sujet plastique. Alors que son choix de travailler par séries peut faire craindre une rupture, ce recours thématique trouve des résonances profondes chez le musicien compositeur (…) pour relancer son introspection. Forme musicale par excellence, la variation, qu’il pratique comme exercice d’investigation plastique, est au cœur d’une dialectique qui s’appuie par ailleurs sur le religieux et le spirituel. Les jeux thématiques, les jeux de styles, sont sanctionnés par un monde de formes statiques et un monde de formes dynamiques complémentaires. » [2] Enfin, la musique se retrouve dans les thèmes abordés : l’œuvre picturale de Sergio de Castro est parsemée de musiciens et de danseuses.
[2] Lydia Harambourg, Sergio de Castro, 2006
Musicien et peintre, Sergio de Castro est également poète. Ce profil rare regarde naturellement du côté d’autres peintres-poètes du XXe siècle comme Vassily Kandinsky et Paul Klee. De nombreux parallèles peuvent être établis entre les trois artistes : le travail sur la couleur, la ligne et le rythme ; l’importance des voyages et de la musique… On remarque ainsi des similitudes dans leurs oeuvres picturales. Le critique d’art Denys Sutton confirme : « Castro a beaucoup appris des peintres ‘poétiques’ de notre siècle, en particulier de Paul Klee ; on le soupçonne d’avoir subi par ailleurs l’influence de Kandinsky ; il serait logique de supposer qu’un artiste qui avait des idées précises sur la relation entre la musique et la peinture, comme il le manifesta dans le Blaue Reiter, ait pu le séduire. » [3]
[3] Denys Sutton, Apollo, n° 394, Londres, 1957