L’ART VIENT À VOUS N°16

ABSTRAITES :
Cinq femmes – Cinq expressions artistiques

EXPOSITION : 8 MARS – 16 AVRIL 2021

Cette exposition ambitionne de montrer les apports artistiques de cinq femmes artistes à la peinture abstraite : Marie Raymond (1908-1989), Huguette Arthur Bertrand (1920-2005), Pierrette Bloch (1928-2017), Roswitha Doerig (1929-2017) et Loïs Frederick (1930-2013). Ces dernières ne forment ni une école ni un mouvement. Elles représentent cinq abstractions différentes, cinq libertés gagnées.

Afin de découvrir notre exposition, plongeons dans l’univers de chaque artiste à travers l’étude d’une œuvre.

Chapitre 5 :
Loïs Frederick, sans titre, 2000 ca.
Par
Astrid de Monteverde

lois frederick - portrait photographie 1953 1954

Loïs Frederick à la Cité Universitaire, Paris, 1953-1954

Peintre américaine, Loïs Frederick naît et grandit au Nebraska. Ses œuvres sont empreintes de l’immensité de cette région des Grandes Plaines américaines et de ses climats de contrastes. Après avoir étudié les beaux-arts à l’Université du Nebraska puis au Kansas City Art Institute, Loïs Frederick arrive à Paris en 1953 grâce à la bourse du Fulbright award : une bourse qu’elle obtiendra même deux fois ! Plongée dans l’effervescence de l’Abstraction d’Après-guerre de Paris, elle demeure néanmoins une peintre profondément américaine du Colorfield painting.

Né spontanément dans les années 1950 aux États-Unis, l’Expressionnisme abstrait américain se caractérise par de champs de couleurs superposés. Dans la continuité de la première génération de peintres du Colorfield painting : Mark Rothko, Arnold Gottlieb, Clyfford Still et Barnett Newman et à l’instar d’Helen Frankenthaler sa contemporaine, Loïs Frederick travaille elle aussi par aplats la couleur qu’elle emploie par strates, supprimant toute profondeur dans l’œuvre. Son abstraction est solidement construite. C’est la brosse appliquée, déroulée sur la toile qui structure son œuvre.

Alors que Mark Rothko travaille la brosse à l’horizontal pour construire ses rectangles de couleurs aux contours flous et créer lumière et vibrance, la peintre Loïs Frederick déploie son geste dans un mouvement ascendant et descendant, créant alors un réseau de contrastes dans l’espace pictural.

De plus, alors que Barnett Newman emploie ses zips, ces coupures verticales qui tranchent des pans de couleurs de part et d’autre de son œuvre et que Morris Louis déploie sa brosse au-delà du champ de la toile, Loïs Frederick travaille la verticalité en tenant compte du cadre délimité de son support. La brosse déroulée s’arrête bien avant le bord de la toile créant un réseau de masses colorées à la fois solidement construit et un espace flottant, propice à un espace méditatif.

Après une palette naturaliste, l’artiste peintre Loïs Frederick utilise au tournant des années 1970 l’acrylique et surtout les peintures fluorescentes qui lui permettent d’obtenir une palette des plus audacieuses, des plus contrastées : des bleus, verts, jaunes, roses stridents, assourdissants. La couleur saturée n’empêche cependant pas la lumière de poindre de l’arrière-plan.

En 1986, Loïs Frederick perd son mari Gérard Schneider et consacre pendant une quinzaine d’années son énergie à la promotion de son art : elle passe un temps de la femme artiste à la femme d’artiste.

C’est un choc visuel au tournant des années 2000 – le phare d’une voiture perçant le brouillard- qui ramène Loïs Frederick à la peinture. Sa quête absolue de la lumière la pousse à déployer de larges brosses aux couleurs fluorescentes, stridentes sur des fonds blancs, immaculés, comme sur cette peinture ici présentée. Le fond pur, vierge, laisse alors pleinement s’épanouir l’intensité de la lumière qui atteint son paroxysme dans le déploiement d’un jaune fluorescent qui irradie du centre de la toile, perçant les strates de couleurs rose-orangé, mobiles et flottantes, qui structurent l’espace. La taille de la toile, de large format, ne rend que plus fort la puissance de cette intensité lumineuse : une véritable ode à la lumière.

lois frederick - sans titre 2000 newsletter l art vient a vous 16

LOÏS FREDERICK
Sans titre, 2000 ca.
Acrylique sur toile, 200 x 150 cm.
Galerie Diane de Polignac, Paris

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