LES ANNÉES 1970 – 1980
L’EXPLOSION DE LA COULEUR

À travers cette exposition sont mises en avant les années 1970 et 1980. Ces deux décennies charnières constituent la rupture entre ce que l’on appelle l’art moderne et l’art contemporain. Caractérisées par le post-modernisme et la fin des avant-gardes, elles forgent la création artistique d’aujourd’hui.

Ces deux décennies suivent le développement de nouveaux courants artistiques qui ont émergé pour certains dans les années 1960 : Fluxus, l’Arte Povera, le Pop art, le Nouveau Réalisme, l’Art conceptuel, l’Art minimal, l’Art cinétique… Ils se caractérisent par une importance nouvelle donnée à l’idée au-delà du résultat plastique. Ils valorisent également le banal, le modeste, le trivial.

Les années 1970 ouvrent la voie à de nouveaux modes d’expression : le land art, la performance, le happening, l’installation, l’art vidéo… Mais aussi à de nouveaux matériaux : PVC, Plexiglas, acrylique… C’est la décennie de la transdisciplinarité. Les artistes s’expriment de fait sur de nombreux supports comme Rougemont à travers la peinture, la sculpture, la céramique, l’art textile…

La couleur va définitivement bouleverser la création artistique des années 1970 : elle devient omniprésente. Les photos et publicités en couleurs envahissent le quotidien, la mode est profondément changée. À noter que dans les médias, la première émission de télévision en couleurs est diffusée en France en 1967 et les premières publicités couleurs sont diffusées l’année suivante. En 1963, le chimiste Henry Levinson crée la peinture acrylique qui se dilue à l’eau. Les peintres Andy Warhol et David Hockney l’utilisent immédiatement. La plupart des artistes abandonnent la peinture à l’huile pour se consacrer exclusivement à l’acrylique qui sèche plus rapidement, permet plus de spontanéité et est un médium moins contraignant à l’usage. Elle invite donc les artistes à travailler différemment.

Les artistes mêlent également les techniques comme le fait Sam Francis qui pose sur un même support la gouache, l’acrylique mais également les liquides de mouillage réservés à la photographie. Les peintures fluorescentes arrivent aussi sur le marché : l’artiste Loïs Frederick est l’une des premières à les utiliser. Quant aux techniques de lithographies et sérigraphies multicolores, elles se modernisent et les artistes se les approprient rapidement. En 1970, la technique offset se développe et révolutionne l’impression en couleurs.

Quant aux années 1980, elles sont profondément marquées par des crises sociales et économiques. Dès lors, les arts vont être le support de diverses revendications. Les artistes œuvrent pour la démocratisation de l’art : l’art descend dans les rues avec le Street art et les interventions monumentales, comme celles du couple Christo, de Roswitha Doerig et de Rougemont par exemple. L’art est fait par tous et pour tous. D’autres artistes prennent part à des expériences extrêmes : c’est mouvement du Body art. À travers l’usage de leur corps, les artistes deviennent des œuvres vivantes à part entière.

D’autres artistes au contraire reviennent à des fondamentaux : la peinture et le geste pictural. On remarque également un renouvellement de la figuration comme la Figuration libre en France et la Trans-avant-garde en Italie.

La gestuelle se fait très expressive, voire explosive, avec une palette saturée et des couleurs criardes pour un effet très rock. La couleur devient aussi expressive que le geste. Notons par ailleurs qu’il n’y a alors plus de clivage entre abstraction et figuration mais que les artistes emploient librement les deux, voire les mêlent dans une même œuvre. C’est ce que fera l’artiste Marie Raymond par exemple, dont les créations ésotériques présentent des figures anthropomorphiques flottants dans des univers imaginaires.

Les années 1970 et 1980 s’articulent autour de grandes avancées techniques et de profonds bouleversements sociétaux. Dans les arts, la couleur est dorénavant omniprésente sur des supports de plus en plus variés : elle devient structurante pour beaucoup d’artistes. Loïs Frederick, Marie Raymond, Guy de Rougemont, Gérard Schneider… voici un panel de coloristes virtuoses aux expressions plastiques diverses au cœur de ces décennies fondamentales.

Loïs Frederick (1930-2013)

Marie Raymond (1908-1989)

Guy de Rougemont (1935)

Gérard Schneider (1896-1986)

Galerie Diane de Polignac
2 bis, rue de Gribeauval – 75007 Paris
www.dianedepolignac.com

Textes – texts: Mathilde Gubanski
Traduction – translation: Lucy Johnston
© OEuvres : ADAGP, Paris, 2021
Photographies des oeuvres : Droits réservés
© Artworks: ADAGP, Paris, 2021
Photographs of the works: Reserved rights

© Galerie Diane de Polignac, 2021